
“Dans notre métier les choses sont inscrites dans le temps. Quand on reprend une propriété, il faut savoir attendre le fruit de la
terre. Ici, nous avons dû replanter une grande partie du vignoble, 75% des
vignes, ce qui est extrêmement rare dans un grand
cru de
Bordeaux. Cet investissement familial a été
lourd,
long, mais volontaire. Depuis le début des années 2000, le vignoble est en train de restituer ce qu’on lui a donné et les derniers
millésimes sont d’un niveau qualitatif rarement atteint ici. Nous avons fait des choix, tant au niveau
végétal au moment des plantations en choisissant avec précision les porte-greffes, qu’en sélectionnant les
cépages adaptés aux différentes parcelles de
terroirs.
Les derniers
millésimes sont les
vins les plus accomplis produits sur ce terroir. Il faut remonter aux années 1950 et 1960 pour voir des
vins de cette structure. Cela correspond à une adéquation parfaite entre le
végétal et un équipement matériel dont nous disposons et qu’il est rare de rencontrer dans d’autres propriétés. Nous avons la chance d’avoir quatre tables de tri, deux vibrantes et les deux autres où une vingtaine de personnes trient, grain par grain : les
raisins sont ensuite acheminés par chariot élévateur dans les cuves pour respecter la gravité, ce qui est primordial pour conserver toutes les propriétés intrinsèques au raisin et donc ainsi l’amener en lui conservant tous ses atouts jusqu’à la vinification. Nous avons un respect total de la vendange, nous pratiquons des
vinifications traditionnelles mais notre atout principal à Chevalier est d’effectuer de nombreux
pigeages manuels et de pratiquer l’élevage sur
lies avec un œnologue de qualité, Stéphane Derenoncourt. Cet élevage sur
lies est plus délicat à mener mais il apporte tellement au vin... surtout ce côté
soyeux, velouté, délicieux. Nous avons su créer une équipe de travail soudée et très professionnelle et nous sommes très attachés à la performance de nos
vins et à notre réputation mondiale.
Domaine de Chevalier blanc 2008 : très belle définition du
Sauvignon, on est sur une belle fraîcheur élégante, soutenue par une grande puissance, les
vins sont très minéraux, très droits, très
typés, encore un peu “fermés”. On est séduit par des notes très fraîches de pamplemousse rose, de citron, de zeste d’orange, de
pêche blanche.
Le 2007 est exceptionnel, l’attaque est puissante, le
Sauvignon (85%) explose en bouche, le vin est très volumineux, complexe, structuré par beaucoup de matière, très
suave en milieu de bouche puis il “remonte” en finale, soutenu par une bonne fraîcheur, avec une finale très puissante et persistante. Le blanc 2006 est un grand millésime et cela est dû à un mois d’août relativement
frais, pour les
blancs c’est un atout. Les
vins sont surpuissants, opulents, avec beaucoup de
chair, de
gras, mais dans un même temps, d’une très grande fraîcheur. Le blanc 2005 développe un
nez puissant d’agrumes mûrs, une bouche intense et
suave, un vin de
garde.
Domaine de Chevalier rouge 2008 est plus “masculin”, il me fait penser au 2006. Les
tanins sont assez
fermes, c’est un vin très droit, très élégant, aux notes de
fruits rouges et noirs (groseille, mûre), de fumé, avec une pointe balsamique typique du terroir de Chevalier. Le rouge 2007 séduit par son charme, sa rondeur, son équilibre, c’est un vin plaisir, dans le style des 2000, un vin très “féminin”, au fruité bien présent, souligné par un
léger boisé bien fondu. Le rouge 2006 est un millésime très élégant, très
soyeux, d’une diversité et complexité tout à fait étonnantes. Le
nez est fabuleux, un festival d’arômes,
fruits rouges,
framboise écrasée, le terroir s’exprime aussi avec cette pointe balsamique très réussie, une belle longueur en finale. Le rouge 2005 est un vin rare, presque comme un rêve ! De
couleur rouge-noir satiné, le
nez est exubérant de
fruits, réglisse et de senteurs balsamiques. En bouche, on est séduit par le velouté du
Merlot, l’allure aristocratique du
Cabernet-
Sauvignon s’impose, l’intensité du Petit Verdot dynamise, le
Cabernet franc lustre l’ensemble... Finale interminable. Seuls les grands
terroirs permettent à la vigne de puiser la quintessence nécessaire à l’expression minérale,
noble et authentique d’un grand vin.”